Au milieu des années 1980, à Paris comme ailleurs, la responsabilité de l’épidémie du VIH est bien souvent attribuée aux personnes prostituées comme aux personnes homosexuelles ou aux toxicomanes.
Dans ce contexte particulier, Lydia Braggiotti a l’idée en juin 1988 de mettre en place des actions pour les femmes de sa communauté. S’associant avec des chercheurs (Anne Coppel)et des professionnels en santé, elle rassemble d’autres femmes de la communauté pour participer à des réunions avec l’appui de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et d’autres médecins-chercheurs travaillant sur le VIH : 150 femmes acceptent alors de faire un test de dépistage à l’aide de buvards sur lesquels une goutte de sang est déposée. Sur ces 150 tests, seules deux femmes se révèlent alors être contaminées par le VIH, l’une suite à une transfusion sanguine, l’autre lors d’un rapport intime.
Suite à ce dépistage, des femmes de la communauté font circuler des « cahiers de confidences » au sein desquels sont notés les problèmes, les situations ou encore les difficultés rencontrées par ces femmes au quotidien. Ces cahiers sont ensuite repris et les femmes élaborent un questionnaire anonyme de huit pages, abordant des thématiques sur la santé mais également sur l’accès aux soins ou encore l’accès aux droits fondamentaux. La dernière question de ce questionnaire est la suivante : « Voulez vous qu’on se rencontre, dans un cinéma, dans un restaurant, dans un Bus…? ». Beaucoup de femmes répondent à cette question et choisissent le Bus comme lieu de rencontre idéal.
C’est ainsi que l’idée d’un bus de prévention naît au sein de la communauté. L’OMS offre alors à ces femmes un bus anglais de deux étages de couleur rouge dans lequel elles peuvent se retrouver pour échanger.
C’est la naissance du projet « Bus des Femmes » en 1990.
projet Bus 1990– rapport d’activités 1991
Le 13 juillet 1994, le projet « Bus des Femmes » devient autonome et se constitue en association de santé communautaire sous la dénomination : « Les Amis du Bus des Femmes », en remerciement aux chercheurs de l’OMS, de l’AFLS (Agence Française de Lutte contre le Sida) et autres scientifiques engagés dans cette démarche. La DASS de Paris intervient alors comme financeur.
En juin 1995, l’association, située rue René Boulanger dans le 10ème arrondissement de Paris, devient partenaire du Centre de Croix Rouge du Moulin Joly ouvert alors en pilotage pour le dépistage du VIH. Les personnes de la communauté y sont orientées pour les dépistages.
En septembre 1996, l’association déménage rue du Moulin Joly, dans le 11ème arrondissement. L’association change de bus et achète un Camping-car qu’elle gardera jusqu’en 2000. Le troisième local est baptisé « l’Abri-Bus ». C’est également le début des permanences juridiques mises en place en partenariat avec l’association Droit d’Urgence.
Fin 96, l’apparition des produits de substitution, notamment la méthadone, entraînent le développement d’associations spécialisées en toxicomanie, comme Médecins du Monde ou la Boutique de Charonne. L’association « les Amis du Bus des Femmes » oriente dès lors les personnes toxicomanes vers ces associations comme vers les hôpitaux.
Depuis 1998, de nouveaux partenaires ont financés nos actions : la CPAM de Paris, la Mairie de Paris, Solidarité Sida, l’INPES, Sidaction, la Région Ile de France et les conseils régionaux de l’Essonne, de la Seine et Marne et des Yvelines,…
En décembre 2003, l’association emménage dans les locaux actuels, situés dans le 20e arrondissement de Paris.